un homme à fables

Gilles Dulis surprend. Surprend et vite, attire. Car le monde insolite qu’il nous restitue, par bête interposées, devient terriblement humain…
Pour ce faire, l’artiste emploie une technique particulière, le « fixé sous verre » que les anglais appellent d’un terme plus marquant : « reverse-painted ». Le verre d’ordinaire simple protection, devient ici support de peinture. Comme dans un classique décor de théâtre, la construction s’organise, en commençant par les premiers plans… pour terminer par le ciel. Sous la plaque transparente, le monde se recrée à l’envers.
Le procédé est ancien. Connu depuis l’antiquité, il s’est développé pendant la Renaissance et est restée solidement implanté en extrême-Orient. Le verre ainsi se magnifie, participe à l’œuvre et, en même temps, lui assure la durée. Aucun contact avec l’air, aucune oxydation des pigments : la fraîcheur des couleurs se joue alors des siècles.
De ses débuts dans l’architecture et la décoration d’intérieur, Gilles Dulis a gardé le sens de l’harmonie et aussi de la rigueur. Pourtant, son imagination le pousse vers le fantastique et lui fait également recréer un monde à l’envers. (…) Des animaux « singeant » les hommes ou les hommes se dégradant d’eux-même? Le choc est immédiat dans cet insolite branché sur le quotidien. On pense aux fables de la Fontaine, à de nouvelles séquences d’une Comédie Humaine. Bas les masques, les pelages? L’homme se retrouve très vite dans ce verre devenu miroir…
Louis-Pierre Le Maitre, Le Progrès de Cornouaille, 27 juin 1987
Designed with WordPress